Entretien avec Catherine Verot, co-gérante de la Maison Verot à Paris.
Enfant de la balle comme son mari, Catherine Verot gère à quatre mains avec lui la Maison Verot, l’une des charcuteries les plus réputées de la capitale. Depuis 1997, ils œuvrent au renouveau de la charcuterie française en remettant sur le devant de la scène des produits régionaux et des spécialités artisanales comme le pâté en croûte (sacré vice-champion du monde) ou les terrines.
L'interview : Catherine Verot, cogérante de la Maison Verot à Paris
Quelle fonction occupez-vous chez Maison Vérot ?
Je suis cogérante de la Maison Verot fondée à Paris en 1997 avec mon mari. Nous avons chacun 50% des parts de l'entreprise, ce qui implique être un véritable couteau suisse, à la fois : gestionnaire, commerçante, rh, community manager, commerciale…
Expliquez-nous ce qu'est Maison Vérot.
La Maison Verot se définit comme une charcuterie haut de gamme. Aujourd'hui cinq points de vente sur Paris et bientôt un sixième. Une fourniture auprès de nombreux restaurants. Un développement aux USA- Canada- Angleterre qui s'est arrêté avec la COVID, mais qui devrait reprendre courant 2025 avec en ce moment des discussions avec l'Asie.
À votre connaissance existe-t-il beaucoup de femmes à des postes similaires au vôtre dans votre univers ?
La charcuterie retrouve ses lettres de noblesse, grâce, entre autres, à l'engouement autour du pâté en croûte. Nombreuses sont les femmes qui intègrent nos cuisines, la charcuterie se féminise. Concernant mon rôle, j'ai toujours connu des femmes chefs d'entreprise qui travaillent auprès de leur mari et bien souvent, elles gèrent beaucoup plus que leur magasin. À la même échelle, Delphine Plisson est une femme talentueuse avec laquelle je me trouve beaucoup d'atomes crochus, nos quotidiens sont similaires et nous repoussons les limites comme ci rien n'était impossible.
En tant que femme, sentez-vous des différences dans votre façon d’aborder votre métier et comment abordez-vous la parité homme/femme au sein de votre entreprise ?
En tant que femme, j'ai toujours souhaité être autonome financièrement et dès lors que je pouvais assurer cette sécurité à une femme, je ne m'en privais pas. En 1997, lorsque je recrutais, je savais qu'elle gérait les enfants, le plein du réfrigérateur ménager, la maison en plus de son travail... une wonder woman. La parité a toujours existé dans la Maison Vérot avant même qu'elle devienne un débat sociétal, car nous n'avons jamais mis de frein dans nos embauches sur le sexe ou l'origine des candidats, seules les compétences ont déterminé les embauches. Aujourd'hui, la Maison Vérot est à peu de choses près à 50% féminine et masculine.
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent travailler dans la food ?
Nous sommes un métier d'avenir pour les femmes, elles ont une intuition et une intelligence autres que les hommes pour choisir la gamme de produits, gérer des process de fabrications et apparaître comme la devanture des entreprises. Il faut également avoir une vraie curiosité culinaire, pour imaginer de nouvelles recettes.
Quelle femme vous a inspiré dans votre vie et pourquoi
J'aurais beaucoup aimé connaître Simone Weil pour toutes les grandes avancées qu'elle a apportées aux femmes.
Que changeriez-vous pour les femmes du monde entier ?
J'aimerais tant que cette question ne soit plus posée, car cela signifierait que l'égalité dans la société et dans les salaires seraient ENFIN devenus un non-sujet. Pour cela, je pense que l'éducation des jeunes enfants est déterminante. Les parents ont un rôle fondamental à jouer au quotidien. Je suis mère de deux garçons (26 et 30 ans) qui ne se posent pas la question. Leurs journées sont les mêmes que celles de leurs compagnes, à la différence près que je leur demande d'être galant, car je trouve qu'il est toujours agréable d'être traitée en princesse !