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Les portraits

Émilie Rouquette, la jeune garde de la gastronomie française

7 min de lecture

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, retrouvez les portraits de 9 femmes inspirantes dans l’univers de la gastronomie française.

Entretien avec Émilie Rouquette, directrice générale du Groupe Mory Sacko.


Aux côtés du chef Mory Sacko, son conjoint et associé, Émilie Rouquette porte la vision du restaurant étoilé MoSuke et du restaurant MoSugo aux Nouvelles Tables du Gourmet, consacré à la « comfort food ». Entrepreneuse déterminée et engagée, elle place au premier plan la lutte contre les inégalités et discriminations au sein du groupe pour faire évoluer les pratiques dans le secteur.

L'interview : Émilie Rouquette, directrice générale du Groupe Mory Sacko

Quelle fonction occupez-vous chez MOSUGO ?

Je suis actuellement Directrice Générale au sein du Groupe Mory Sacko. Une partie de mes fonctions consiste à superviser et coordonner les opérations de nos différents restaurants, et notamment MOSUGO au sein des Galeries Lafayette. L’autre volet de mon métier consiste à définir et mettre en œuvre notre gouvernance d’entreprise. 

Expliquez-nous ce qu'est MOSUGO.

MOSUGO est notre enseigne de Comfort Food autour du Poulet Frit, pensé par le chef Mory Sacko. Nous y proposons une offre de restauration cuisinée autour des Burgers et du Poulet Frit. Notre concept a vu le jour dans un premier temps durant le confinement, et nous avons pu le proposer de manière pérenne en septembre 2022 suite à une belle opportunité au sein des Galeries Lafayette Gourmet ainsi que dans le 14ème.

À votre connaissance existe-t-il beaucoup de femmes à des postes similaires au vôtre dans votre univers ?

A ma connaissance, il existe quelques femmes dans des postes similaires de direction au sein des petits et moyens groupes de restauration. Il me semble que c’est notamment le cas pour le groupe de Jean François Piège. C’est par ailleurs essentiellement le cas lorsque l’entreprise repose sur un homme/femme chef. On remarque en effet que dans cette typologie de groupe, il y a l’existence d’un duo majoritairement mixte. 

En tant que femme, sentez-vous des différences dans votre façon d’aborder votre métier ?

La principale particularité est qu’au-delà d’être l’associée du Chef Mory Sacko, je partage également sa vie depuis 10 ans. Je dirai donc que c’est essentiellement la variable « Femme du Chef » qui peut m’amener à être confrontée à des situations où je dois aborder les problématiques et les échanges différemment. Sans oublier mon jeune âge qui en rajoute souvent une couche (25 ans). Pour ma part, je viens initialement du secteur de la finance d’entreprise. Même si j’ai commencé mes études dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration, j’ai par la suite poursuivi mes études en réalisant un master en Contrôle et Gouvernance d’entreprise à l’Université Paris Dauphine. A ce titre, mon plan de carrière initial n’était pas de travailler avec mon conjoint dans la restauration ni de devenir entrepreneur, mais plutôt de faire du conseil en Gouvernance d’Entreprise. J’accompagnais ainsi Mory sur les fonctions support en parallèle de mes études. Finalement, notre entreprise étant en pleine croissance, Mory m’a proposé de le rejoindre à plein temps, afin de structurer l’entreprise et nous permettre de nous développer de manière organique. J’avoue que j’attache une grande importance au respect des rôles de chacun, mais également à leur valeur ajoutée dans l’entreprise. Il m’a paru rapidement compliqué d’être présentée, à la fois lors des échanges professionnels internes (collaborateurs), mais également externes (nos partenaires), comme « Voici Émilie, je vous présente la femme du chef ». Cet aspect personnel de ma vie ne me dérange pas, néanmoins, je trouve cette dénomination très réductrice par rapport au poste que j’occupe ainsi qu’à l’énergie que j’y mets. J’ai dû parfois m’imposer, et faire preuve de pédagogie. Mais au fil des échanges avec nos divers interlocuteurs, j’ai pu gagner en légitimité : je pense qu’ils arrivent rapidement à comprendre que je ne suis pas que « la femme du chef », et que non, « derrière chaque grand homme, ne se cache pas une femme ». A mon sens, dans une entreprise, il est important d’avoir une personne qui porte la vision, et d’autres qui conseillent et permettent la mise en œuvre de cette vision. C’est une force de bien s’avoir s’entourer avec des diversités de profils qui apportent une vraie complémentarité. J’ai également beaucoup de chance d’être accompagnée par Mory, qui n’a absolument pas cette vision de ma fonction, mais qui valorise et considère mes missions quotidiennement, aussi bien en interne qu’en externe

Comment abordez-vous la parité homme/femme au sein de votre entreprise ?

Pour être tout à fait transparente, nous n’avons pas encore atteint la parité parfaite au sein de notre groupe. Néanmoins, les fonctions de management sont occupées à 60% par des femmes. Nous n’avons pas réellement d’objectif de parité, nous recrutons surtout en fonction des compétences, de la motivation et du savoir-être. Nous faisons notre possible pour avoir des candidats et candidates lorsque nous publions nos offres d’emplois - Il nous est déjà arrivé d’avoir 70% de femmes chez MOSUKE (notre restaurant étoilé). Nous mettons surtout un point d’honneur à lutter contre les inégalités et la discrimination fondée sur le genre des personnes ou toute autre forme d’ailleurs. 

Des mesures essentielles pour lutter contre ces discriminations peuvent être mises en place dans des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, notamment : - Dès le recrutement, en rédigeant des offres d’emploi inclusives, et en sensibilisant les managers aux questions discriminatoires, et sur les biais inconscients. - Lors de l’intégration des salariés. A chaque arrivée d’un(e) salarié(e), nous lui transmettons le règlement intérieur de notre entreprise qui met l’accent sur le harcèlement et toute forme de discriminations. Lorsque je suis arrivée dans le monde professionnel, j’ai vite été interloquée par le sexisme qui pouvait toujours exister. Si nous ne pouvons pas exclure le risque zéro par les membres de notre équipe, nous sensibilisons nos salarié(e)s sur notre tolérance zéro. Il nous a également fallu du temps pour déconstruire, pour accompagner et pour sensibiliser sur les questions du sexisme. Nous mettons un point d’honneur à aligner nos valeurs avec notre réalité sur le terrain. Pour finir, cela passe aussi par la partie salariale et l’évolution des salarié(e)s. Au sein de notre groupe, nous avons des grilles salariales qui ne font aucune distinction sur le genre. Par ailleurs, nous accordons une vigilance particulière afin qu’aucune variable ne puisse affecter les femmes, ou les freiner dans leurs carrières. En tant qu’employeur, je pense que nous nous devons de mettre en confiance des salarié(e)s afin qu’ils-elles puissent aborder avec nous des sujets qui peuvent paraître sensibles. Grâce à ce climat, nous avons pu aborder librement des sujets qui concernent majoritairement les femmes, et faire évoluer certaines pratiques. 

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent travailler dans la food ?

Je leur donnerai le même conseil que je me donne chaque jour : Si d’autres y sont arrivées, alors il n’y a aucune raison que tu n’y arrives pas non plus. Et si tu n’as aucun modèle, alors construis-le, et deviens-le.

Quelle femme vous a inspiré dans votre vie et pourquoi ?

La femme qui m’a inspirée le plus dans ma vie est ma mère. Cela peut paraître un peu cliché, mais j’ai eu la chance d’évoluer auprès d’une femme profondément féministe et véritablement engagée. Ma mère travaille au sein des Ressources Humaines dans un grand groupe dans lequel elle a pu mettre en place de nombreuses actions pour une société inclusive et la lutte contre les discriminations. J’ai été sensibilisée dès mon plus jeune âge sur ces questions, à la fois grâce aux échanges, mais également à la participation au sein d’associations dans lesquelles elle intervenait ou encore lorsque je l’accompagnais à des conférences abordant ces sujets. Nous sommes trois sœurs dans notre famille, nous sommes toutes trois entrepreneuses, et je suis persuadée que ce le bel endoctrinement de ma mère sur le principe qu’il faut oser, a contribué à mon envie de poursuivre nos rêves, quelle que soit notre condition. 

Que changeriez-vous pour les femmes du monde entier ?

Si le principe de liberté pour tous et toutes est très important, je dirai l’accès à l’éducation pour toutes. Je suis convaincue que l’éducation, sous toutes ses formes, permet l’émancipation des femmes. Mais pas que : il a notamment été prouvé que l’élévation du niveau d’éducation des filles permet de mettre fin au cycle de la pauvreté au sein des familles. Les femmes peuvent être actrices dans les changements, elles ont toute leur place pour assurer un rôle dans la société au sens large. Mais cela doit passer par l’inclusion dans le système éducatif et ceci à tous les niveaux.

Les indispensables

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, découvrez les portraits de 9 femmes qui font bouger les lignes de la gastronomie française.

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